William Moore, fondateur de l
À écouter : une intervention d'Alex Shigo (en anglais)
Le Docteur Alex Shigo est décédé accidentellement dans sa maison le 6 octobre 2006.

Alex Shigo (1930 – 2006)

La science de la pathologie de l’arbre a commencé à la fin du 18e siècle avec les travaux des chercheurs et forestiers Allemands, en particulier ceux de Robert Hartig, qui est considéré comme étant le grand père de la pathologie forestière. Nous faisons encore référence à ces travaux aujourd’hui. Tout au long des années 1900 – 1970, il y a eu de grandes avancées dans notre connaissance des végétaux, on voit également naître le métier d’élagage et des soins aux arbres d’agrément, une industrie qui s’est développée petit à petit aux États-Unis et en Europe avec le développement de la classe moyenne demandeuse de beaux arbres en bon état de santé. Cependant, il y avait des lacunes importantes dans nos connaissances de l’arbre, dues en partie à un manque de communication entre le praticien et la science. « Après tout, qu’est-ce qu’il faut pour soigner un arbre, mis à part un harnais, une paire de griffes, une tronçonneuse, un pot de mastic « cicatrisant » et du muscle ? Un élagueur n’a sûrement pas besoin de savoir qu’un arbre à un symplasme ! », pensaient et pensent encore certaines personnes et certains scientifiques.

En effet, la période précédant les années 1980 a été marquée par le fait que de nombreuses interventions effectuées sur les arbres les rendaient plus malades qu’autre chose. Les théories et les techniques nécessitaient une sérieuse mise en question, par exemple pourquoi le tronc pourrit lorsqu’on coupe une branche, pourquoi ne trouve-t-on plus de noyer de qualité de déroulage ? Alex a été chef scientifique de l’USDA Forets Service (jusqu'à sa retraite en 1985), chargé d’un grand projet de recherche qui avait pour but (entre autres), de trouver un mastic « cicatrisant » pour protéger les plaies occasionnées aux arbres. Plus de 15 000 arbres ont été blessés et traités de façons diverses, puis disséqués sur une période de plusieurs années. De ce fait Alex a été nommé par un journal de presse Américain « l’agent pathogène No 1 des arbres ». Alex n’a jamais trouvé de produit qui protège les plaies occasionnées aux arbres, cependant ces observations ont permis de mieux comprendre l’arbre et son fonctionnement, par exemple les mécanismes de défense et de protection employés par l’arbre, d’où le modèle de CODIT (compartimentation of decay in trees, compartimentation de la pourriture dans l’arbre). Il a également découvert la façon dont les branches sont fixées à l’arbre (1985). D’où des modifications révolutionnaires pour ceux qui s’occupent des arbres.

Alex est venu voir et parler aux forestiers, aux arboristes dans le monde entier pour les aider à mieux comprendre l’arbre, une tronçonneuse, les griffes, le pot de mastic et les muscles n’étaient pas suffisants, soigner des arbres demande une connaissance approfondie de la biologie de l’arbre. À partir de ces connaissances on peut intervenir de façon adéquate. « Soigner un arbre malade que vous ne comprenez pas c’est comme essayer de taper sur une Rolls avec un marteau pour la faire démarrer », disait Alex. La médecine moderne a démarré avec Leonardo de Vinci lorsqu’il volait des cadavres à la morgue pour dissection, ce qui était interdit à l’époque mais qui, aujourd’hui est une des bases de la formation d’un médecin. L’Arboriculture Moderne proposée par Alex, est basée sur le même principe, il faut disséquer l’arbre, l’observer, le toucher, et le comprendre.

Petit à petit nous voyons s’installer la Nouvelle Biologie de l’Arbre, les traitements néfastes à l’arbre fondés sur les anthropomorphismes, des mythes et des théories erronées, commencent à disparaître : rapprochement et étêtages, mauvaises plaies d’élagage, mastics dits « cicatrisants » (les arbre ne cicatrisent pas, ils se compartiment), grimper avec des griffes, fertilisation des arbre malades, plantations mal effectuées, chirurgie et drainage des cavités… et laisse peu à peu s’installer la taille douce, des branches correctement élaguées, des arbres plantés correctement, la technique du mulching, des plans de gestion à long terme, tous basés sur la biologie de l’arbre et non pas sur des mythes. Néanmoins, Alex a été un scientifique pragmatique : « n’attendez pas que la science vous fournisse toutes les réponses, vous allez attendre très très longtemps ! ». Le soin aux arbres, disait Alex, est une combinaison de science, d’art (la technique) et de bon sens (votre expérience).

Alex détestait être à un pupitre lors de ses conférences, s’il le pouvait, il le refusait et se plaçait sur le plancher des vaches, au même niveau que son audience. La science doit être limpide, à la portée de tout ceux qui veulent être informés et avoir accès aux connaissances scientifiques. C’est ce qu’on retrouve dans le discours d’Alex (ainsi que chez d’autres grands scientifiques de notre époque, Francis Hallé et Claus Mattheck par exemple). Alex disait « si l’intervenant ne sait pas se faire comprendre de son audience, c’est peut être qu’il ne comprend pas son sujet ». Alex était un très grand pédagogue, regarder dans un microscope, ou observer un tronc coupé en deux avec lui étaient des expériences inoubliables. Lors de ses séances de formation Alex disait « je serais déçu si vous quittiez cet atelier en disant que « Shigo a dit ceci et que Shigo à dit cela », sortons d’ici en disant « j’ai vu », c’est vous qui faites la découverte, je ne peux ni découvrir ni voir pour vous ».

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